2000/2001 - DESSINS DE CARNETS

 


2000 / 2001, stylo, stylo-plume, feutre,  craie grasse, sur papier quadrillé 14,8 x 19 cm. 




Dessiner est pour moi une forme de nécessité qui, au départ, était reliée à ma pratique de l’écriture.

J’ai commencé à dessiner il y a une vingtaine d’années, un peu comme j’écris; c’est à dire sur des cahiers, des carnets.  J’ai commencé à faire tout un tas de dessins, au stylo, au stylo-plume, au fusain, à la craie grasse, et ces dessins étaient inclus dans des carnets d’écriture; je les faisais en parallèle de mon travail de prises de notes photographiques et de réflexions poétiques.  Ces petits dessins ne sont que des croquis, mais en même temps j’aime assez l’idée de n’être pas tenue à produire exclusivement des pièces grandioses, toujours sur les mêmes schémas: un beau papier, un beau format, un bel objet… Le dessin est, en quelque sorte, une mise à plat de la pensée et à travers ce développement de dessins, de croquis, de notes visuelles, s’est établi un rapport assez étroit, assez intime avec ce que, profondément, j’ai engrangé de réflexions au cours de mon existence. 

C’est précisément au retour d’une visite au musée de la préhistoire de Bougon dans les deux-sèvres que j’ai commencé à me pencher vraiment sur le dessin parce que j’avais été assez frappée à l’époque, par la manière dont on pouvait représenter un espace, un espace temps et tout à la fois un espace métaphysique,  reliant les cycles de la vie dans la préhistoire. Donc, mes premiers croquis, ceux que j’appelle « jardins », étaient en rapport avec  les cairns.  Ces dessins alors étaient des espèces de parcours plus ou moins structurés mais qui ne représentaient pas du tout une faune ou une flore. A partir de là, j’ai continué à dessiner en considérant la feuille de carnet comme un espace dans lequel je pouvais me déplacer; c’est cela, le dessin était une forme de déplacement à l’intérieur duquel je pouvais organiser des structures - hachures, points, traits… A partir de ces « jardins », inspirés par les cairns, je me suis créée une sorte de « panoplie » graphique et synthétique  qui me plaçait dans un rapport indirect mais essentiel avec l’écriture primitive; Pendant un peu plus d’une année j’ai fait ce que j’appelle aujourd’hui des dessins de carnets  puis je suis passée à autre chose… J’ai continué à faire des photographies, j’ai continué à écrire…  

En 2019, lorsque j’ai réouvert ces carnets donc, je me suis arrêtée sur ces dessins parce que j’ai trouvé qu’il y avait décidément un intérêt évident dans ces  carnets, et  j’ai trouvé intéressant de pouvoir en tirer quelque chose. 

Souvent, lorsque je fais une chose, je la laisse d’abord à l’état de projet, de croquis, même s'il s’agit d’une photographie, car je ne peux vraiment me rendre compte de la portée de l’objet qu’avec un certain laps de temps, comme un temps d’infusion, entre le moment où j’ai produit la première ébauche et celui où je vais peut-être en tirer quelque chose de plus probant, de plus visible, de plus abouti. J’ai toujours fonctionné comme cela; il me faut un peu, ou parfois beaucoup, de temps pour dire «  oui, cela me convient, c’est cela que je veux; c’est là où je dois aller; c’est cette direction là que je dois tenir… » Tant que je n’ai pas ce temps, j’ai l’impression que,  pour le coup, je vais perdre du temps à trouver vraiment cette ouverture qui va me permettre de  prolonger l’aventure. 

 

                                                                                                                                                                                                                     Septembre 2020