Travailler sur toile libre est un mode opératoire au départ imposé par la nécessité de stockage dans mon atelier de 35 m2. Découpée dans un rouleau puis posée au sol et cadrée sur chaque côté par une bande-masque, chaque toile se joue en plusieurs temps. Il s’agit, après avoir déterminé un choix de couleurs, de peindre un fond, plus ou moins dilué en fonction de la charge pigmentaire utilisée, puis sur ce fond d’opérer par touches successives une sorte de jeu de bandes colorées obtenues patiemment. Pour ces peintures je n’exerce pas d’autre volonté que celle de faire jouer les couleurs entre elles et de les étendre de manière non subjective comme s’il s’agissait de modules colorés, empilés, juxtaposés, entrecroisés, entremêlés. L’organisation des touches colorées varie en fonction de mon déplacement sur le sol, de mon habileté à tracer la couleur, à la tresser même et toujours avec le souci de ne pas répondre à quelque logique que ce soit. Écrire la couleur comme on le ferait d’un paysage pour en dresser la cartographie.
Au fil du temps mon travail s’oriente de plus en plus vers la couleur et vers une recherche de nuances au travers une gamme restreinte, comme si l’attachement se faisait à mesure que les peintures se multiplient.
Acryliques sur toile
