Anne Garidou: 2011/ 2020 - PAYSAGES ORDINAIRES / PHOTOGRAPHIES

2011 / 2020. Photographies numériques

« Paysage ordinaire » est une proposition photographique qui s’attache à la captation d’une éphémère mais évidente conjonction d’éléments : terre, air, lumière, formant une « image pleine ».

Dans cette série, « l’ordinaire » se fait au jour le jour, au quotidien. Souvent je suis en voiture, quelques fois à pied, et le paysage me « cueille », capte mon œil, s’ouvre à mon regard de photographe. Je ne le recherche pas, il me trouve.

Le « paysage ordinaire », d’ordinaire si banal que chacun peut le traverser sans y prêter d’attention particulière, ce paysage, à l’instant où il me saisit, est alors à son apogée; tout y est à sa place, exact, essentiel; il n’y a rien en trop, rien à jeter.

La lumière l’habite, le ciel l’habite, l’air l’habite.

Dans cette série, chaque paysage semble s’imposer dans une sorte d’unité; et

la répétition des formes à l’infini, soit par la texture du sol ( mottes de terre labourée, champs de plantations, terrain de pierres concassées…), soit par la structure des éléments ( une futaie, un vignoble, un ciel ennuagé…) donne à cette unité une présence puissante.

Ma relation à ces « paysage ordinaire » se conçoit dans la permanence des saisons. Le temps photographique, lui, est fugace, imprévisible, en rapport direct avec ma vie.

Ce que je révèle dans ces photographies est d’une extraordinaire banalité mais c’est bien cette banalité qui peut, peut-être, nous amener à un sentiment d’universalité.

J'aimerais que ces paysages soient ensuite reçus par le spectateur comme au moment où j'ai moi-même décidé de les photographier, c'est à dire dans une perception totale, à la fois visuelle bien sûr mais aussi mentale. Que chacun regardant ces photographies se trouve immergé dans la lumière, la couleur, la géographie de chaque plan et qu'il intègre tout en bloc; que rien ne lui pose problème, qu'il ne réfléchisse pas à ce qu'il voit mais qu'il vive l'expérience d'une perception totale qui le ramène finalement à sa propre existence.

mars 2020